Texte du communiqué pour expliquer le système de palans et de cordages mis en place durant l’été 2013 pour rendre le mât du Maxi80 Prince de Bretagne basculant /// Agence Rivacom
Lionel Lemonchois penche pour un mât à ficelles
En chantier depuis trois semaines, l’équipe du team voile Prince de Bretagne travaille pour équiper le mât du Maxi80 d’un système de bascule. Pour cette option qui autorise un gain de vitesse immédiat, Lionel Lemonchois a choisi la mise en place d’une solution, simple et innovante à la fois, qui permet de démultiplier les efforts à l’aide de cordages et de palans. Plutôt que des vérins hydrauliques, que l’on retrouve sur tous les autres multicoques Ultimes, c’est donc un « mât à ficelles » qui va désormais s’incliner au vent à bord du trimaran rouge et gris. Visite guidée et explications…
C’est dans le hangar du team Prince de Bretagne, à la base des sous-marins de Lorient, que Lionel et une petite équipe ont pris leurs quartiers d’été au retour de la Route des Princes. Depuis le début du mois de juillet, Jacques Roudot, chef de chantier, et Jean-Marc Kermanach, un fidèle des opérations spéciales, ont ressorti le matériel de stratification composite. Leur mission : renforcer la structure du bateau, là où elle va bientôt recevoir des efforts plus importants.
Nous n’avons rien inventé, mais c’est la première fois qu’un bateau de cette taille sera équipé d’un mât à ficelles.
Simplicité
« Cela fait longtemps maintenant que les mâts des grands trimarans basculent au vent. D’en régler l’inclinaison, cela permet de soulager la plateforme, ce qui autorise à appuyer plus dessus, et donc de gagner en vitesse. Au départ, nous n’avons pas réinstallé le système hydraulique dont était équipé le mât de l’ancien 60 pieds. Nous avons d’abord préféré gagner en longueur de coques et disposer d’un plus grand bateau. Dans nos réflexions pour savoir comment aller plus vite, l’option du système de bascule avec des palans en cascade s’est ensuite imposée d’elle-même. Elle s’inscrit dans la philosophie de la simplicité initiée à l’origine du projet. Nous n’avons rien inventé, mais c’est la première fois qu’un bateau de cette taille sera équipé d’un mât « à ficelles » ; comme on l’a déjà vu sur un ORMA 60, ou des bateaux beaucoup plus petits, les Minis 6.50, » détaille Lionel Lemonchois.
Bras arrière et mât debout
Pour illustrer ses explications, il montre le chemin bientôt emprunté par les cordages, qui vont, comme le Maxi80 dans son ensemble, chercher la performance hors des sentiers battus : « Là, sur le bras arrière bâbord, nous modifions et renforçons la cadène de galhauban, une ferrure en carbone qui tient le hauban et le mât debout. Ensuite de chaque côté du gréement, un système de palans à six brins sera ajouté, et se poursuivra le long du bras de liaison pour ramener les bouts sous la casquette. A la sortie, au niveau du winch, les efforts théoriques de 8 tonnes auront été réduits jusqu’à 1,3 tonne. C’est courant, et c’est à l’échelle du bateau… »ajoute le skipper, qui travaille en collaboration avec les architectes navals du cabinet Van Peteghem-Lauriot Prévost pour les calculs théoriques validant ce développement.
150 kg en moins, 2-3 noeuds en plus
Comme le veut la tradition dans la course au large, le culte du poids léger et le combat contre les kilos en trop ont guidé le choix de cette solution textile. Face aux vérins et aux manettes hydrauliques, les 40 mètres de bouts high tech (Spectra), le jeu de poulies, et les fines couches de carbone ajoutées sur la plateforme affichent, tous cumulés, près de 150 kilos de moins sur la balance. Un gros avantage qui pèse lourd au regard des « 2-3 nœuds de plus autorisés selon les allures » par le mât incliné.
De l’autre côté, et compte tenu des lois de l’équilibre, Lionel Lemonchois mesure qu’il sera aussi beaucoup plus mobilisé en navigation pour répondre à de nouvelles sollicitations dans le cockpit de son trimaran de 24,3 mètres.« De la ficelle supplémentaire, cela complique forcément les manœuvres. Il faudra donner d’un côté, et prendre de l’autre. Ce sera un peu plus long et exigeant. Mais tout a été imaginé pour le solitaire, et je devrais y arriver…D’autant que ce système n’est pas conçu pour régater entre trois bouées, mais pour régler l’inclinaison par rapport à la gîte sur des grand bords au large, » ajoute le skipper de Prince de Bretagne, visiblement confiant et serein quant à l’orchestration de sa partition au piano lors des virements de bord.
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