Avec 43 partants issus de ses rangs sur les 91 réunis au départ, la Class40 a compté parmi les catégories majeures de ce Rhum 2014. Cette fois encore, sur les 3 542 milles du parcours, la famille la plus nombreuse et la plus internationale de la course a tenu toutes ses promesses.
Sur le plan sportif d’abord avec 32 skippers à l’arrivée, et l’éclatante victoire de l’Espagnol Alex Pella (Tales 2 Santander) au terme d’une traversée record en 16 jours, 17 heures, 47 minutes et 8 secondes. A ses côtés, Thibaut Vauchel-Camus (Solidaires en Peloton) et Kito de Pavant (Otio – Bastide Médical) complètent un podium riche de son éclectisme, à l’image d’un top ten aux profils divers, témoins de la richesse de cette catégorie dynamique et attractive.
La première grande satisfaction au terme de cette nouvelle édition du Rhum est la preuve de l’attractivité de la classe et du succès de la rigueur de sa jauge. Dans les dix premiers, on a neuf bateaux différents, six architectes représentés. Côté skippers aussi, ce top ten est franchement éclectique, avec des coureurs de 53 à 34 ans issus du circuit Mini, de l’Imoca, de l’olympisme,
commente François Angoulvant, président de la Class40 au terme de la 3è participation d’une flotte de monocoques de 40 pieds (12,18 m) à la plus célèbre des tansats.
Onze abandons et pas de répit
43 au départ… Fidèle à son habitude, la plus jeune catégorie de la course réunit à Saint-Malo un plateau de premier choix, mêlant qualité et quantité, redoutables favoris et dangereux outsiders, skippers professionnels et amateurs, pour une course annoncée particulièrement disputée. Après une entame très sélective marquée par de nombreuses escales techniques et d’inévitables abandons – au nombre de onze ( dont deux favoris Sébastien Rogues, Nicolas Troussel) – une première hiérarchie se dessine dans les sillages d’ Alex Pella, Thibaut Vauchel-Camus, Kito de Pavant et Yannick Bestaven. Ces quatre là forment un petit groupe d’échappés, qui creuse très tôt de gros écarts avec ses poursuivants. En tête, dans des conditions rugueuses et musclées au passage de deux fronts jusqu’au large des côtes du Portugal, ces leaders impriment un rythme soutenu et rallient Madère, point névralgique de la course, en cinq jours. Dès lors, une bataille d’empannages d’un rare niveau d’exigence technique s’engage sous spi aux avant-postes, comme dans les petits groupes qui se forment au fil de la progression de la flotte rythmée par le passage de copieux grains ne laissant aucun répit.
Ténors, bizuths, amateurs éclairés
Au final, le classement, dont chaque ligne s’est vendue cher, distingue la course de ces ténors, et de skippers sommés de tout donner pour faire parler leur talent en solitaire et mériter une place dans les dix premiers (Pierre Brasseur, Stéphane Le Diraison, Miranda Merron, Fabrice Amedeo, Damien Seguin, Giancarlo Pedote). Il illustre aussi la combativité face aux difficultés et l’adversité dont ont fait preuve tous ceux pour qui ce Rhum représentait une grande première, initiatique ou d’apprentissage. Qu’ils comptent parmi de jeunes ou illustres bizuths (Valentin Lemarchand, Jean Galfione, Pierre-Yves Lautrou, Nicolas Thomas, Paul Hignard…), ou parmi les plus purs amateurs (Juliette Petres, Emmanuel Hamez, Brieuc Maisonneuve, Dominique Rivard…), tous ceux qui ont rallié les eaux de la Guadeloupe pour mettre un point final à cette course d’usure vécue une aventure ont affalé les voiles et levé les bras avec un réel soulagement et une vraie satisfaction. La victoire est là pour ces 32 solitaires, au bout de cette transat accomplie aussi bien pour relever un objectif sportif, que pour le plaisir de réaliser un rêve de transatlantique en solitaire.
Ils ont dit, mots choisis
Nicolas Thomas (Guadeloupe Grand Large – 1001 Piles et Batteries), 28è
Je retire pas mal d’expérience acquise sur cette course, ma première transat en solitaire. J’ai fait quelques petites erreurs, justement par manque d’expérience… Mais il faut bien commencer par quelque chose. Le résultat sportif n’est pas celui que j’espérais au départ de cette Route du Rhum, mais je relativise, ce n’est que du bon pour la suite…
Rodolphe Sepho (Voiles 44), 26è
Toute la course a été magnifique. Il y a eu des moments un peu plus compliqués avec le moral qui vasillait parce que le bateau m’a causé quelques misères, Je suis très content d’avoir fini, la satisfaction est là. Au terme de cette transat, j’ai envie de dire aux jeunes de l’association CAVA 44 (Centre d’Adaptation à la Vie Active, ndlr) : accrochez-vous, croyez en vos rêves et allez jusqu’au bout…
Dominique Rivard (Marie Galante), 22è
Je suis très heureux d’être arrivé au bout : c’est tout de même une Route du Rhum, et au risque de me répéter, celle-là je vais pouvoir me la tatouer ! C’est indélébile dans mon cœur et dans mon corps. Tous ces derniers jours, ce n’était que des surfs : je regardais derrière mon sillage et je voyais des images d’une beauté, d’une intensité, d’une force incroyables !
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© Photo : Alexis Courcoux